Leitura furiosa 2007
à Kinshasa

C'est avec Pascal Roumazeilles, conteur, et pour le Cardan, à Amiens, que nous nous envolons ce lundi matin 7 mai de Roissy, laissant derrière nous la France de Sarkozy

Paris-Kinshasa, via Bruxelles et Yaoundé. Départ 7h, arrivée 19h40


L’avion survole les nuages, moelleuse mousse où s’enfonce le regard. Le soleil est descendu à l’horizontal, teignant de rose les crêtes neigeuses des nuages.

Première leçon de vocabulaire :
M’bote : bonjour. M’undele : homme blanc, auquel on répondra cordialement « Muindou » homme noir…
Ozali malamou : tu vas bien ? lazali malamou je vais bien Ezali malamou c’est bon
Aéroport de Kinshasa
On attend que démarre le tapis roulant sur lequel doivent apparaître les bagages. Chaleur moite. Brouhaha tranquille. Quand il s’ébranle enfin, tout s’éteint brutalement. Dans le noir absolu de l’aéroport, on reste calme. La lumière, pauvre, revient. On recommence à attendre.

Nazali koloba lingala moke moke
Je parle lingala un petit peu…

On marche sur un dépotoir. On enjambe les égouts à ciel ouvert.
Brochettes de chèvre et bière Primus sur le bord de la route.
Le bonheur, quand même.

Il fait chaud sous la moustiquaire. On étouffe un peu. Le sommeil vient doucement..

Pain frais et sachet de thé qu’on va chercher à l’épicerie « Dieu bénit », au coin de la rue.


la véranda du centre Masolo

Ermerence a trois tables de plastique rouge rue de l’Université, du côté de Capela. Elle vend des œufs, de la bière, des (boissons) sucrées. Elle voudrait bien travailler pour les enfants des rues dit-elle. Elle travaille pour sa tante maternelle chez qui elle vit. Elle a une petite fille qui est élevée par ses parents.


à Capela, entre Ermerence et sa copine

Les écoliers en chemise ou corsage blancs et jupe ou pantalon bleu-marine sortent de l’école. Il est 16h30

Odeur de pneus brûlés, partout, tout le temps.

Ce soir à 19h au Centre Wallonie- Bruxelles, les percussions Tuta Ngoma. La nuit tombe une heure avant.

Pas d’ânes ni de vélos. Seulement de vieilles voitures, des camionnettes pourries jusqu’à l’impossible, qu’il faut pousser bien souvent.

En cercle, psalmodiant et tapant des mains, les hommes du parti du 1er ministre font l’éloge de ses actions passées, annonçant les actions à venir. Sorte de griots des temps modernes, ils informent la population alentour de l’admiration et de la reconnaissance qu’ils doivent à leur 1er ministre. Une vendeuse de pain danse des épaules en les écoutant. La circulation poursuit son mouvement tranquille par-dessus les égouts, les ornières, et sur le dépotoir de la rue.

Ils courent sans se couper
Sur les tessons de verre en haut des murs
Les margouillats

Les lecteurs répètent sous le manguier en fleurs

Dans la nuit brillent les petites flammes des lampes à pétrole. Les enfants jouent dans le noir, les silhouettes des palmiers se devinent à peine contre le ciel sombre, et sur la terre grise de la rue, les déchets accumulés.
Rien de plus tranquille, mais qui sait, une bande armée de gourdins peut surgir et tout casser.

Boire une bière Primus à l’ombre d’un mandamier.



Cathy et Benjamin

Spectacle ezala zala. C’est le titre de notre texte, celui que j’ai écrit avec et pour Justin, Chançard, Clarisse, Fanny et Alain.

C’est déjà fini… je rentre en France. Ils restent, tous les amis déjà chers, Benjamin, Cathie, Lele et tous les autres….botikala malamou, portez-vous bien…

Ambroise travaille à l’aéroport, il est vendeur dans la seule boutique détaxée du lieu. Il espère qu’un jour, quelqu’un lui donnera les moyens d’acheter le tracteur et la terre qu’il rêve de cultiver. Il a son projet écrit, là, dans son sac, tout prêt.
Chaque jour il espère.

Marie-Florence Ehret mai 2007

 

 
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