Blois : Mon livre préféré .

Avec des lecteurs de la Bibliothèque Maurice Genevoix :

 

La musique de l’écriture

D’abord le livre me prend comme ça, par l’oreille. Il a une musique qui m’entraîne. J’aime avancer sans efforts d’une page à l’autre, portée par l’intrigue.

J’ai des amis qui aiment lire qui lisent, comme moi, on se conseille des titres, j’ai entendu parler de Grangé par le film Les rivières pourpres, mais je trouve Le vol des cigognes bien plus intéressant.

L’histoire, une enquête sur la disparition des cigognes, est un prétexte à découvrir notre monde contemporain. L’enquêteur suit les cigognes en Yougoslavie, en Roumanie, en Israël, des meurtres sont perpétrés dans chacun de ses pays. C’est chaque fois l’occasion d’une rencontre avec une histoire individuelle où se joue l’Histoire- entrée des chars à Prague, déportation des Roms, vie dans un kibboutz, combat dans un camp palestinien… Je n’arrivais plus à poser le livre ! Nous nous retrouvons ensuite en Centre Afrique dans les mines de diamant où tout enfin s’éclaire.

J’aime beaucoup les romans qui m’aident à mieux connaître et comprendre le monde à travers une histoire captivante.


Annie
Le vol des cigognes, J.C. Grangé

 

 

En plein hiver de la guerre

L’écriture est très importante pour moi. Je m’y ressource, je m’y retrouve, j’y refais mes forces. Quand je n’ai plus envie de lire, c’est grave ! La côte d’alarme est atteinte !!

Je suis née en 42, en plein hiver de la guerre, dans une famille réfugiée à Lyon qui se considérait comme exilée. Le livre de Jorge Semprun m’aide à comprendre ma propre histoire, celle de mon siècle. J’aime tous ses livres, mais celui-ci me paraît le plus accompli. Il fait pendant au roman La montagne blanche mais dans L’écriture ou la vie Semprun continue à vivre, tandis que le héros du roman se suicide.

« J’ai décidé de choisir le silence bruissant de la vie contre le langage meurtrier de l’écriture », écrit Semprun, expliquant ainsi les quinze années durant lesquelles il a milité sans écrire après avoir survécu à la déportation à Buchenwald.

Buchenwald, noyau brûlant de l’expérience de Semprun, de l’expérience humaine.

Cette jolie colline de hêtres où souffle un vent doux au printemps et en été ;

que la neige et le froid emprisonnent l’hiver.

Buchenwald où des millions de déportés sont partis en fumée avant que le camp

se libère, et redevienne un camp où les russes ont enterré des milliers de prisonniers.

En face, à Weimar, haut-lieu de la culture d’Europe centrale, on ignore tout de ce qui se passe de l’autre côté des hêtres.

Les questions que soulève ce livre n’ont, hélas, rien perdu de leur actualité. On les rencontre au coin des rues, ici, entre les bords de Loire et les quartiers Nord : regardez autour de vous, en vous. Les mêmes forces s’opposent toujours.

Nicolle.

L’écriture ou la vie, Jorge Semprun

 

 

Dans le bleu de l’éveil

« La montagne est par excellence le lieu du Vide. Dans son ascension, à la fois escalade réelle et alpinisme intérieur, l’homme de silence abandonne la végétation du mental, parvient aux pierres de l’esprit et se dissout dans le bleu de l’éveil. »

extrait de la préface de Patrice Carré

La poésie est pour moi le chemin le plus court, le plus direct vers l’essentiel, c’est sans doute pourquoi, après avoir beaucoup lu d’ouvrages de toutes sortes, je sélectionne de plus en plus des petits livres, comme celui-ci.

Sans être un ouvrage ‘‘intellectuel ’’, il répond aux questions fondamentales : Comment vivre, mener sa vie. Comment se situer vis à vis de ses frères, de ses ennemis ? – ou plutôt, comme le moine que l’on interroge sur son étrange comportement, et qui rit sans répondre, ce livre rit et laisse au lecteur le soin de répondre aux questions qu’il lui pose.

Le voyage, éclairé, appuyé par la lecture m’a libéré. Il y a plus de vingt ans que je voyage, que je disparais parfois pendant une année entière. Mais aujourd’hui cependant, à la recherche d’une belle ‘‘indifférence ’’, je peux dire : si je pars, tant mieux… si je ne pars pas, tant mieux aussi !

« Pourquoi habiter la Montagne de Jade ? L’esprit libre, je ris sans répondre.

Silence de l’eau, les fleurs de pêchers glissent

Monde au-delà du monde. »

Li Po (701-762)

Pierre-André
Anthologie de la poésie chinoise IIIème-Xième siècle

 

 

La chair de poule

Moi je suis passionné de football ! Je ne lis jamais les comptes-rendus de match, c’est n’importe quoi, je préfère les regarder mais j’aime bien lire les interviews, les potins sur le monde du sport. Un jour, j’ai lu l’interview d’un joueur noir que j’aime bien. Il ne comprenait pas le racisme, surtout dans le sport. Il avait joué en Italie et il avait eu affaire à des vrais fachos, même dans sa propre équipe. Il parlait de Martin Luther King, qui s’est sacrifié pour défendre sa cause, la cause de la tolérance. J’en avais déjà entendu parlé, mais ça m’a donné le déclic, j’ai lu son livre : I have a dream ( J’ai fait un rêve) Ca m’a donné la chair de poule.

Je pense que cet homme a marqué l’histoire. Sans le connaître, on sent que la vérité sort de sa bouche. Moi qui suis croyant, (musulman) je me suis senti proche de ce pasteur. Moi qui suis d’une autre époque, qui vis dans une autre société, je crois comme lui à la possibilité pour les hommes de vivre ensemble, la main dans la main.

J’aime vivre dans un quartier mélangé comme celui-ci, où on apprend à vivre ensemble en ayant des cultures différentes, élever mes enfants dans cet esprit, leur apprendre la vie.

Salim
I have a dream, Martin Luther King

 

 

Vers un monde meilleur

L’homme a besoin de féerie, c’est pourquoi j’aime la science-fiction : c’est une littérature plein d’imagination. .

J’ai tellement de romans de S.F. qu’on pourrait en faire des pyramides !

En France, on ne veut pas entendre parler de soucoupes volantes, et pourtant… Moi j’étais mécanicien navigant dans l’armée de l’air, j’ai connu deux pilotes de Vampire qui avaient vu une soucoupe volante au-dessus du Mont Ventoux. Ils avaient voulu la prendre en chasse mais elle les avait laissés sur place. Mais le plus étrange, c’est qu’ils avaient consigné les faits sur le livre de marche de l’escadrille et que la page a été arrachée sur ordre du Ministère de l’Air. Il y a un fonds de peur dans ce refus, comme dans le refus de la science-fiction.

Le père de la S.F., ce n’est pas Jules Verne qui n’a fait que des tentatives maladroites, enfantines, c’est H.G. Welles qui, lui, a inventé des fictions vraiment cohérentes. Ce que je préfère, ce sont les romans optimistes, ceux qui ont une tendance à l’amélioration du monde. La bonne science-fiction, c’est très très optimiste. La grande saga d’Hypérion, par exemple. Ce sont de vrais monuments.

A la fin du dernier volume de la série Dune ( La Maison des mères), il y a une réflexion qui m’a laissé perplexe. Il est question d’un observateur extérieur, un vieux monsieur en tablier de jardinier, il y a aussi une femme qui lui demande : »Pourquoi les as-tu laissé partir ? » L’auteur n’explique pas qui est ce bonhomme, on ne comprend pas d’où il sort. Il faut que je le relise…

Jacques

La Science Fiction

 

 

Ce qui reste de ma grand-mère

Elle était assise et moi par terre, la tête sur ses genoux, je l’écoutais lire. J’avais l’âge du héros au début de l’histoire : 10 ans. C’était un gros livre plein d’images qui me fascinaient, des bois gravés sur lesquels je rêvais pendant des heures.
J’ai toujours le livre, et j’en relis des pages, au hasard, j’entends la voix de ma grand-mère.
On ne peut pas résumer ce livre, il est d’une telle richesse ! Il faudrait le réécrire en langage moderne, moi je saute des pages, je l’avoue, c’est tellement touffu. On trouve tout dans ce livre. La fidélité par exemple : Gwynplaine, le petit garçon abandonné par les comprachicos qui lui ont ouvert la bouche au couteau ne se laisse pas séduire par la belle courtisane qu’on lui jette dans les bras et il quitte la cour pour partir à la recherche de la jeune fille qu’il aime.
Il y a des exagérations, ça c’est sûr. Quand il parle des comprachicos, par exemple, qui volent des enfants et les enferment dans des bouteilles pour déformer leur corps, ou quand il parle de pendus dont le corps est enduit de goudron et conservé pendant trois ans au bout d’une corde. Mais il y a aussi du vrai.
A travers les aventures extraordinaires de « l’homme qui rit », Hugo fait passer ses convictions politiques et sociales. Il dénonce les injustices et les crimes, des crimes toujours actuels, l’exploitation des enfants par exemple : « Ils poussaient une porte, entraient, marchandaient un enfant, payaient et l’emportaient. »

Pierr

L’homme qui rit, Victor Hugo

 

 

La faim du livre

J’aime les gros livres, ou les séries. La fin du livre arrive trop vite, elle me laisse toujours sur ma faim !!

Même si le livre ne me plaît pas à 100%, il faut que j’aille jusqu’au bout, et ce qui est drôle, c’est que plus j’approche de la fin, plus je redoute d’y arriver, et moins je peux m’arrêter !

Autre chose étrange, c’est qu’il m’arrive de lire une page, deux, un chapitre, et de m’apercevoir soudain que je ne sais pas ce que j’ai lu. Alors il est temps de poser le livre et de dormir… car il arrive que la lecture m’entraîne tard dans la nuit, et le lendemain matin, je le regrette !!

Je lis aussi à la pause de midi, à l’usine, le week-end, quand je ne suis pas sur l’ordinateur !

J’aime la science-fiction, le fantastique médiéval burlesque, les parenthèses, les commentaires, l’humour… je trouve tout cela dans les Annales du disque-monde, je retrouve les mêmes personnages d’un livre sur l’autre : Mémé Ciredutemps, Planteur Tranchelagorge, Rincevent et puis mon personnage préféré : la Mort (notez que dans ce livre, la mort est un personnage de sexe masculin). C’est une image d’Epinal : il est vêtu d’une grande cape noire, il porte une faux, mais c’est un personnage très sympathique, il voudrait bien avoir un peu de temps libre alors il engage un assistant Mortimer. Il voudrait devenir humain, comprendre les hommes… Un peu comme moi !

Jean

Les Annales du disque monde, Terry Pratchett (disponible à la bibliothèque)

traduit de l’anglais par Patrick Couton (avec humour)

 

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Une vie de lecture

Quand j’étais jeune, l’instruction, ce n’était pas la priorité aux Antilles. C’est la vie militaire qui m’a donné l’occasion de progresser. J’ai suivi des cours par correspondance. C’est un ami plus instruit que moi qui me corrigeait. A l’époque je lisais des poètes, Baudelaire, Verlaine… j’aimais déjà les mots, je suis en admiration quand j’entends un orateur, quelqu’un qui parle bien. J’aime le dictionnaire ! Dès que je ne comprends pas un mot, je prends le dictionnaire, je ne reste pas dans mon ignorance !

Par la suite, j’ai lu beaucoup de revues techniques, pour ma progression professionnelle. J’étais soudeur en aéronautique, dans ce métier ça évolue beaucoup, il faut se tenir au courant, faire des choix… Je lisais du sport aussi. Maintenant je suis à la retraite et j’ai l’intention de me mettre à la lecture. J’ai commencé un livre sur Malcolm X . Quand j’étais militaire, je prenais toujours la défense de ceux qui étaient victimes d’une injustice, alors on m’avait surnommé Malcolm X, mais en réalité je ne suis pas du tout comme lui car moi je défends aussi bien un Blanc qu’un Noir, tandis que lui était raciste. Il voulait venger le mal qui avait été fait aux Noirs par les Blancs depuis des générations. Il a dû user de la violence pour faire entendre l’injustice dont les Noirs étaient victimes. Et il est mort dans la violence.

Je porte des lunettes, comme lui, et je suis toujours très élégant, mais je ne suis pas métisse, et je ne suis pas contre les Blancs. Ce que je veux aujourd’hui, c’est augmenter mes connaissances !

Joubert
Malcolm X

nom de l’auteur ?? livre disponible à la bibliothèque, merci d’en retrouver les références précises

 

 

12 euros, 7 livres, 3 semaines

Chaque semaine, depuis plus de vingt ans, je vais au supermarché de la lecture gratuite, autrement dit à la bibliothèque. Il y règne une ambiance calme, sympa et conviviale. Pour moi, ce rendez-vous hebdomadaire est vital !

Je ravitaille et j’abreuve toute la famille qui passe commande et me laisse le soin de rapporter les sacs de livres et de magazines dont ils se nourriront tout au long de la semaine.

Je me sers sur les présentoirs, sur les tables où sont exposés les livres autour d’un thème, les nouveautés. Ou sur les rayons.

Je demande à la bibliothécaire qui me renseigne, me guide, m’aide et me trouve le document recherché.

je consulte le fichier informatique.

Pour nous la lecture, c’est un plaisir, une détente, une évasion….

En juin nous avons préparé nos vacances en Savoie en empruntant

- les plus belles balades autour d’Annecy

- le guide Hachette Vacances « Haute-Savoie, Savoie, Isère »

- Les cols du parc de la Vanoise

- Le guide du routard.

La Famille réclame des idées culinaires alors je me ressource dans « Cuisine pour les débutants » : Moi j’en riz, de Macha Méril !!

Romans, BD… nous ne négligeons rien !

La lecture, c’est un régal !!!

Florence

 

 

Une amie très proche

Je ne peux pas lire trop longtemps de suite. Une fois quand j’étais à l’école, je suis tombée aveugle en lisant un texte affiché au tableau. Je ne voyais plus rien. C’est revenu tout seul. Depuis je fais attention. Quand je sens que j’ai les yeux qui piquent, j’arrête de lire.

J’ai eu beaucoup de problèmes de santé, c’est peut-être pour ça que j’aime tellement le livre d’Esmeralda Romanez. J’ai l’impression en le lisant d’entendre une amie très proche, je l’écoute et elle m’offre un miroir fictif de ma vie. Je m’y retrouve, je ne suis plus seule avec mes propres difficultés. C’est un livre que je lis et relis, j’y trouve à chaque fois la force d’avancer. Je le lis comme on appelle quelqu’un qu’on aime quand ça ne va pas. C’est l’amie de mon frère qui me l’a prêté mais je n’arrive pas à lui rendre. Elle aussi a eu une maladie, mais je crois que tout le monde a ses problèmes, on a tous des combats à mener, pour les enfants, la famille, le travail. C’est un livre qui aide à garder le moral.

L’auteur a une sclérose en plaques mais elle se bat, à un moment elle ne veut plus prendre les médicaments, elle en a marre, elle veut s’en sortir par elle-même, elle repousse les béquilles. Qu’importe qu’elle tombe si elle a réussi à faire quelques pas seule ! Ensuite elle reprend ses médicaments mais quelque chose a changé. Avant, quand elle se regardait dans une glace elle ne se reconnaissait pas, elle croyait voir un double, une jumelle. Après elle accepte ce qu’elle est. « Dorénavant, je sais que je suis attendue quelque part » écrit-elle à la fin du livre.

Andrée
Mon combat, ma maladie, ma vie,
Esmeralda Romanez

 

 

J’ai peur en avion

J’ai quitté la France en 82 pour la Réunion. J’avais lu Hôtel New Hampshire, de John Irving que j’avais beaucoup aimé, alors un ami m’a offert Le monde selon Garp pour lire dans l’avion. Je n’ai pas vu passer le temps, j’ai même oublié d’avoir peur !

J’étais un peu déçue en arrivant à la Réunion. Je m’attendais à une île tropicale et je me suis retrouvée dans une maison moche à 1200m d’altitude, dans la pluie et le froid sans connaître personne. Heureusement, Garp était là pour me faire rire. Ce livre, je peux dire que j’ai vécu avec lui durant les premiers mois, j’en racontais des scènes à mon mari quand il était là. Je me retrouvais dans la même situation que les personnages : une mère seule avec son fils. Bien sûr, mon fils n’avait que 5 ans, tandis que Garp vieillit au fil du récit. Il lui arrive un tas d’aventures tragiques racontées sur un mode humoristique. L’histoire de Garp se mêlait à la mienne. C’est toute une période de ma vie qui s’est en quelque sorte matérialisée dans ce livre. Quand je le vois, je me souviens avec plaisir de cette époque qui fut pourtant plutôt pénible !

Même mon fils s’en souvient. D’ailleurs, il a lu ce livre très jeune, sans doute voulait-il savoir ce qui avait tant intéressé sa mère ! Sur le moment il a été étonné d’y découvrir des histoires où les femmes et l’amour jouent un grand rôle, il ne m’imaginait pas susceptible de m’intéresser à ça. Maintenant dès qu’un livre d’Irving sort, nous le lisons et nous en parlons ensemble. Il fait partie de nos connaissances communes en quelque sorte. On se donne des nouvelles, comme d’un ami. Nous nous plaisons à retrouver des thèmes récurrents d’un roman à l’autre.

L’autre jour, j’ai vu John Irving sur la 5, j’ai été un peu déçue, je ne l’imaginais pas comme ça. J’ai éteint la télé avant la fin. Je préfère le « voir » à travers ses livres !

Régine
Le monde selon Garp, John Irving

 

 

L’engrenage

Moi je suis une fan de Pierre Bellemare. Je ne lis que ça ! J’adore !! Ce sont des histoires courtes, regroupées autour d’un thème : crimes d’enfant, dossier Interpol, crimes passionnels etc…

Un jour, je m’ennuyais, j’ai pris un livre chez mon père, c’était un livre de Pierre Bellemare… Moi quand je prends un livre, je commence toujours par lire le 4ème de couverture, pour me faire une idée. Ca a tilté ! L’engrenage : Je n’ai plus arrêté. Et quand j’en parle autour de moi, c’est pareil, ça marche, une vraie contagion !!

Ce sont des histoires vraies. Je ne m’en lasse pas, ça laisse à réfléchir ; sur la force des mots, par exemple : l’histoire se passe dans un bateau, la maman partage sa cabine avec ses deux enfants, un petit garçon et sa petite sœur encore bébé. Le bébé pleure, agacée la maman dit plusieurs fois. « Si tu continues je te passe par le hublot. » Le bébé s’endort, la maman sort. Elle revient un peu plus tard, tout est calme… mais le bébé n’est plus là. Elle s’affole, le petit frère la rassure : « Elle pleurait, j’ai fait comme tu as dit, maman, je l’ai passée par le hublot. »

On se rend compte de la violence des sentiments qu’éprouvent les enfants. La jalousie en particulier. C’est comme Abel et Caïn dans la Bible, ou les tragédies grecques..

Il y a aussi des histoires drôles comme celle de cet escroc qui avait ouvert un compte au nom de l’entreprise Trésor Publicité. Au dernier jours du paiement des impôts, il avait cambriolé des boites aux lettres, récupéré les chèques au nom du Trésor Public. Il n’avait plus qu’à rajouter « ité » et à encaisser les chèques. Il n’a jamais été pris !

On me dit que je suis macabre, mais je ne crois pas. Ca m’intéresse de comprendre comment des gens simples, des gens comme vous et moi, deviennent des criminels.

Personnellement je ne ferais pas de mal à une mouche. L’univers du crime me paraît totalement étranger, incompréhensible et fascinant !

Faten

Pierre Bellemare

 

 

L’oiseau au vol

Le dernier été de la raison est l’histoire d’un libraire dans une ville de province algérienne à l’heure où l’obscurantisme religieux commence à prendre son envol. Ce libraire est père de famille. Il a un fils et une fille. Au fil du récit se construit autour de lui une citadelle de solitude et d’isolement. On lui reproche la diversité de ce qu’il vend, et en particulier les livres français, on lui en veut de rester laïque et ouvert. Même sa femme et ses enfants lui reprochent de croire qu’on peut être algérien sans être musulman. Sa librairie est boycottée, on assiste à des scènes de violence, en particulier contre les femmes seules, celles qui ne sont assez étroitement voilées. Il n’y a pas de véritable fin, le héros entre dans une spirale de violence et de haine.

Ce livre est très révélateur de l’état d’esprit actuel d’un pays. Il faut le lire maintenant, prendre l’oiseau au vol. Connaître et comprendre le monde dans lequel on vit, savoir ce qui s’y passe.

L’auteur, Tahar Djaout est mort en 1993, il a été assassiné par les intégristes, c’est un des premiers intellectuels algériens martyrs d’une cause. C’est un symbole. Au contraire de l’exagération lyrique de Rachid Boudjedra, de son goût de l’hyperbole, l’écriture de Djahar Djaout est sobre, dépouillée. Le lire, c’est ouvrir les yeux.

Madjid

Le dernier été de la raison, Tahar Dajout

 

 

La foi du rêve

Le livre de Paulo Coelho a mis des mots sur ma façon de voir les choses. En le lisant, je reconnaissais une manière de voir que je n’avais jamais formulée. Je me suis trouvée dans le personnage du jeune homme, d’autant plus qu’il n’a pas de nom propre.

C’est l’histoire d’un jeune berger qui fait un rêve, et qui sur la seule promesse de ce rêve, vend son troupeau de moutons pour aller à la recherche d’un trésor caché au pied d’une pyramide. Parti d’Andalousie, il passe par le Maroc avant d’arriver enfin à son but. En chemin, il fait de mauvaises et de bonnes rencontres, perd tout, se retrouve sans un sou dans un pays inconnu dont il ne parle pas la langue mais il ne retourne jamais en arrière, même quand il en a la possibilité. Ce qui compte, ce n’est pas le but, c’est le chemin. Cette histoire est une allégorie, elle nous aide à faire nous aussi les bons choix, à nous confier au destin, à croire en nos rêves, à aller jusqu’au bout malgré les épreuves et les obstacles.

A travers toutes les épreuves qu’il rencontre le personnage mûrit, développe ses connaissances, grâce à l’alchimiste en particulier, qui l’initie à sa science. Comme lui, on doit rechercher les rencontres sans craindre les épreuves, qui sont quelquefois le chemin détourné que choisit le destin pour nous amener là où nous devons aller.

Maadi

L’Alchimiste, Paulo Coelho

 

 

Voyage dans le temps

J’ai toujours adoré lire. Je me souviens d’un livre que j’ai relu plusieurs fois durant mon adolescence. J’y retrouvai mes révoltes. C’était un roman qui se passait dans un couvent, moi j’étais dans une pension religieuse qui me sortait par les yeux. L’héroïne refusait l’hypocrisie ambiante comme j’aurais voulu pouvoir le faire. Elle conjuguait la fidélité et la rupture.

Aujourd’hui, j’aime toujours me retrouver dans les livres que je lis, mais j’aime aussi qu’ils me fassent voyager, dans l’univers médiéval en particulier.

“Paul C. Doherty”, “Paul Harding” et “C.L. Grace”… Sous trois noms différents le même auteur développe trois séries animées par des personnages récurrents : Sir Hugh Corbell et son fidèle compagnon Ralph Whitton, Frère Althelstom et son ami le coroner Sir John Couston, et enfin mon, ou plutôt ma préférée : Kathryn Swinbrooke, médecin et apothicaire. J’aime retrouver cette époque, l’humour de Harding, la subtilité féminine de C.L. Grace. Les romans policiers contemporains ont souvent un côté un peu glauque dans lequel je ne me sens pas à l’aise, les personnages sont souvent tordus, « fêlés du bocal », même les détectives, alors que dans ces romans médiévaux, on peut se mettre dans la peau des personnages, trouver la solution par recoupements et déduction.

J’ai beaucoup de chance d’aimer lire car ainsi je ne m’ennuie jamais. Lire, c’est une échappée, un voyage – dans l’espace et dans le temps… Je peux même suggérer des achats à la bibliothèque
Catherine

Meurtres dans le sanctuaire, C.L.Grace

 
 
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