(Diffusion : Elisabeth Duntze, service de psychotérapie pour l'enfant
et l'adolescent CHU Hopital Robert Debré Reims) Il était
d'abord question de voyages, de voyages imaginaires, bien sûr, mais très
vite nous avons été débordés, déplacés,
séduits en somme, et conduits hors du chemin prévu par la facilité
des enfants à laisser monter dans les mots des univers incongrus, imprévus,
sans pareils. Le lecteur devra progresser " à la machette " dans
la densité verbale de ces textes où il lui faudra se frayer un sens
que nul encore n'a tracé, pas même l'auteur -trop habité,
occupé pourrait-on écrire - par tout cela qui fait obstacle et qui
fait pont, qui sépare et qui relie, par tous ces mots soudain appelés
au dehors par la voix des livres, portés par les voix des enfants avant
de retomber sur la page. Tandis que Damien, Vincent ou Mégane s'embarquaient
sans hésiter ou presque, sans craindre les pannes ni les accidents de cohérence,
Théo ou Samir voyaient s'obstruer devant eux la chemin des mots, ils opéraient
alors des trouées sauvages, par le dessin, par une ligne quelquefois, conquise
de haute lutte sur la pente raide de l'angoisse, pur sommet de la parole.
On a vu Anne Tossaba, plus rieuse, musarder comme un chaperon rouge dans la forêt
des mots, Marina, tantôt grave et tantôt mutine, l'accompagner ou
suivre des pistes initimes et mystérieuses. Tous, chacun à
leur façon, ont donc voyager dans et par les mots bien plus qu'ils ne s'en
sont servis pour faire la relation, relater, dit-on aussi, ou plus simplement,
raconter, un voyage inventé
C'est à dire qu'ils se sont servis
de l'écriture pour faire et non pour dire. De la poésie en son
sens originel en somme ! (en grec poïen : faire) Marie-Florence Ehret
écrivain |