Derrière ma fenêtre il y a un corbeau

 

Sept écrivains iraniens d'aujourd'hui

Editions L'inventaire et la Maison des Ecrivains 85 frcs

 

Ahmad Mahmoud, Mounirou Ravânipour, Mohammad Rézâ Safdari, Manoutchehr Âtachi, Grânâz Moussavi, Bijan Rouhâni et Mohammad Ali Sépânlou. Poètes, romanciers, nouvellistes, nés dans les années 30, 50 ou 70, sept écrivains iraniens, hommes et femmes, ont été invités par le Maison des Ecrivains à rencontrer des lecteurs, des écrivains, un public qui, s'il connaît parfois le cinéma iranien découvre comme moi la littérature formidablement puissante de ce pays.

Sept auteurs, sept textes ou extraits traduits spécialement à l'occasion de cette rencontre.

Est-ce parce que je suis une femme que m'ont particulièrement émue les textes de Mounirou R. et de Grânâz M. ? Peut-être. Mais qui pourrait entendre la voix enfantine de Myriam s'inquiéter des cris de sa petite camarade de jeux, ses cris, ses supplications qui épousent le vent et la nuit – mortelle nuit de noces que l'enfant qui ne comprend pas comprend trop bien ?

Comment ne pas partager la jeune désespérance de Grânâz M. qui n'a

"...rien d'autre à espérer

Un crépuscule d'hiver

Et un corbeau amoureux de moi"

J'ai lu à des détenus de la Maison d'Arrêt de Chaumont avec lesquels je partage tous les mois quelques heures de lecture et d'écriture un extrait du roman d'Ahmad Mahmoud : Voisins. « Quand on lit ça », a dit l'un d'eux, « on est content d'être en France ». Les autres ont été sensibles à l'atmosphère de camaraderie et de trahison qui règne entre les détenus. Et deux d'entre eux ont été touchés dans leur plus immédiate intimité par la relation du jeune détenu avec son père. Curieusement, aucun n'a relevé le caractère politique de cette détention, non dite il est vrai.

La diversité des voix recueillis dans ce volume court (98pages) mais dense est complétée par un choix d'ouvrages en traduction française sur cette littérature persane d'aujourd'hui.

Sept portraits donnent à chaque voix un visage,proche et lointain, qui nous regarde.

Marie-Florence Ehret mars 2001

 

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