Lettres du mousse

Fécamp…
Le musée est au bout du port, face à la mer.
Je découvre avec les enfants bottes de bois et trois mats… Nous embarquons derrière notre guide pour les Terres-Neuves, là-bas à 4000kms de nos côtes.
Trois semaines au moins de navigation.
Le sort du petit mousse n’est guère enviable, ceux des marins  pas davantage, et pourtant !
Quelle aventure, quelle terrible aventure ont vécu ces hommes de Fécamp qui partaient chaque année pêcher la morue ou plutôt le cabillaud qu’ils transformaient en morue en salant les filets pour les conserver jusqu’au retour…
Après cette première rencontre – un univers plus inconnu pour moi que pour les enfants, nous nous sommes retrouvés pour trois séances d’écriture. Riches de toute cette information confortés par l’enseignante et les livres de documentation, la culture familiale aussi pour certains, les enfants ont chacun écrit la lettre d’un petit mousse parti au début du siècle dernier. Nous avons mis en commun ces lettres, pour n’en faire que trois ou quatre, gommant les répétitions, les enrichissant des détails qu’on avait négligés et dont le souvenir revenait en cours de travail. Les réponses des familles, donnant des nouvelles du pays ont été écrites selon le même traitement de mise en commun des écrits individuels. Ecriture et oralité se sont complétés pour aboutir aux lettres que vous pouvez lire aujourd’hui.
J’ai eu pour ma part le plus vif plaisir à participer à ce travail, par des questions plus souvent que par des réponses !
La grande implication de tous les acteurs (élèves, enseignants, accompagnateurs) de l’opération en a fait un vrai, un beau voyage !


Marie-Florence Ehret avril 2009

Une bande de copains s’étaient rejoints sur les estacades, près du phare  rouge  pour pêcher à la « caudrette>> des crabes, des étrilles…
Stupeur !!! Là, devant eux au pied des galets, une épave échouée!!
Poussés par la curiosité, Les enfants se précipitent vers le bateau.
Ils enjambent l’étrave. Le pont en bois mort craque. Ils dévalent un escalier et arrivent dans une cabine, sûrement celle du capitaine. Tout est noir, lugubre!!!
Boum! Patatras!
L’un d’eux trébuche. Un autre allume vite une lampe torche. Ils découvrent alors une vieille malle. Ils l’ouvrent. Un nuage de poussière envahit la pièce.
Ils sortent de vieux habits de marins et des morceaux de papier jauni enroulés dans un bout un bout de quoi ??
Ils viennent de découvrir des lettres qui datent de plus de 100 ans.
Que d’histoires de mousse si émouvantes à lire.
Et dire qu’à leur âge – 12 ans à peine, les garçons partaient jusqu’à Terre-Neuve !

 

 

Terre neuve 9 mars 1900

Mes chers parents,

Le voyage a été très long, il a fallu presque un mois de traversée pour arriver sur les bancs de pêche. Et j’avais la nausée presque tout le temps.
Il y a eu beaucoup d'orages et de tempêtes ces jours-ci, j'ai prié la Vierge qu’elle nous protège ! La vie est dure à bord du bateau, tous les matins je suis debout dès quatre heures, en plus le capitaine n’est pas des plus gentils, toutes les corvées sont pour moi : Faire la cuisine, la vaisselle, nettoyer le pont, préparer le café et maintenant laver les poissons... Mais que puis-je dire à mon capitaine, quoi que je dise je me fais taper dessus !
Je suis monté sur les doris pour préparer les lignes de fond. On a accroché des bulots à tous les hameçons, puis les marins sont partis pour les poser, un à l’avant et à la rame, et le matin ils retournent là où ils ont mis leur ligne pour les relever, mais moi je ne peux pas aller avec eux, je ne suis pas encore assez costaud. Le plus petit poisson que les marins ont pêché mesure 80 cm et le plus gros 1m 41. J'étais vraiment impressionné quand je l’ai vu
Nous avons perdu deux doris. Le grand Paul et le Marcel étaient sur le premier. Jeannot et le Louis sur la deuxième.  Le capitaine m’a fait souffler et souffler dans la corne de brume mais ils ne sont toujours pas revenus et l’on commence à désespérer.
Je me suis fait un ami, il s'appelle Etienne, il a tout le temps une pipe à la main. C’est un vieux loup de mer qui connaît tout. Il m’a appris tous les mots du bateau  la proue, la poupe, la cale le pont…Un soir, il m'a fait boire de l'alcool dans son boujaron. J’en ai bu beaucoup trop et je ne tenais plus debout J’ai failli passer par-dessus bord. Le capitaine nous a surpris ; comme punition, il m'a fait dormir sur le pont, sans bannette ni paillasse, je n’ai pas pu dormir de la nuit. ça puait trop la morue salée. Et puis c’était froid et dur. Encore plus froid et dur que la paillasse qui n’est pourtant pas bien confortable !
Le capitaine a menacé de jeter Etienne à la mer s’il recommençait à me faire boire ! Je ne crois pas qu’il le ferait mais on ne sait jamais !
Il paraît qu’on aura un jour de congé pour le 15 août, mais moi je devrais quand même faire à manger et servir les marins !
C’est dur d’être loin de vous mais Etienne me dit que c’est une sacrée aventure et qu’à mon retour, vous serez fier de moi !
Je vous embrasse bien
Votre futur marin !

19 juillet 1900

Mon petit gars

J'ai lu ta lettre avec attention, mais il ne faut pas que tu te décourages, tout le monde est avec toi. Le plus important c'est que tu ne baisses pas les bras.
Ca fait déjà plusieurs mois que tu es parti; il s'en est passé des choses depuis ton départ.
Ton frère s'est  marié et s'est installé avec sa femme. Ta petite soeur a deux nouvelles dents qui ont poussées et elle pleure souvent. Tes deux petits frères ont inventé de drôles de jeux avec leurs copains. Ils jouent au ballon avec une vessie de porc cousue et ils ont fabriqué une machine plutôt bizarre qui les fait rire : une caisse et quatre roues avec laquelle ils foncent à vive allure. Les « catéroues », comme on dit ici, dévalent la rue d'Yport. Un après-midi, Loic s'est cassé la jambe et maintenant, sa mère est obligé d’aller chercher l’eau et le bois, comme si elle n’avait pas assez de travail !
Sinon Mme Pois a eu des jumeaux, une fille , elle est très jolie, et un garçon. La pauvre Mme Morin est morte en faisant une mauvaise chute, tu te rappelles d'elle ou pas? Elle habitait Quai des Pilotes. Son fils est marin sur ton bateau avec toi. Ne lui dis pas pour sa mère. Il l’apprendra bien assez tôt ! La voisine qui habite au n° 2 dans notre rue a trouvé du travail à la Bénédictine. Celle du n° 4 crie toujours après ta soeur parce qu'elle lui a cassé un pot de fleurs. Elle ne l’a pas fait exprès mais celle-là, c’est vraiment une vieille mégère
Le cagibi de ton père a brûlé et  nous avons eu très peur. Une épaisse fumée a envahi la maison. Tous les voisins ont accouru pour nous aider et faire la chaîne avec des seaux d’eau. Finalement la maison n’a pas été touchée et ton père est en train de construire une nouvelle cabane mais hélas nous avons perdu une partie de nos plantations mais on a pu récupérer en partie les outils. Du coup ton père a agrandi le potager, il t'embrasse. Tout pousse bien et on a hâte de te retrouver !
Je travaille pour Claudette, on a parlé et d'une discussion à une autre, on a parlé de toi. Elle m’a demandé si j’avais de tes nouvelles.
Ici, on me surnomme la vieille Cuverville car je regarde tous les matins la mer en espérant voir apparaître les voiles de ton matin, même si je sais que ce ne sera pas avant des mois encore !
On espère un nouveau courrier. On a tous tellement hâte de te retrouver, tu nous manques. Fais attention à ne pas trop boire d’alcool, ne te laisse pas entraîner par les vieux matelots !

              Ta famille qui t'embrasse

 

19 mars 1900
Terre Neuve

Mes très chers parents que j'aime,

Le voyage a été très dur et très long. J’avais l’impression que nous n’arriverions jamais. Enfin nous avons vu des centaines d’oiseaux, mouettes, goélands, cormorans etc… qui volaient au dessus de l’eau  et tournaient autour du bateau.
Comme c’est mon premier voyage, j'ai eu franchement la frousse et j'ai eu le mal de mer. A bord c’est moi qui dois faire toutes les corvées ! Dès que la mer est un peu forte le pont est balayé par de grosses vagues et on est trempé tout le temps. Ma bannette est la plus petite et ma paillasse a pourri, c’est vraiment infecte ! La nuit, je dors très très mal c'est dur, la vie sur le bateau est très difficile mais bon !
Je me suis fait deux amis, ils m’appellent « le petit » et ils sont très gentils l'un s'appelle Lucien et l'autre Étienne .
Parfois j'ai des coups de cafard et ils me réconfortent. Étienne fume tout le temps la pipe comme Lucien sauf quand ils pêchent, à ce moment-là ils chiquent. J’ai eu mal aux dents, et ils m’ont fait chiquer pour calmer la douleur. J’ai trouvé ça dégoûtant, mais enfin ça soulage un peu !.
Étienne m'a appris à faire un noeud de chaise
Parfois on voit des blocs de glace à la dérive dans l’eau tellement il fait froid. J'ai préparé des appâts pour les lignes de fonds. Je me suis coupée les mains en accrochant les bulots cassés aux hameçons et avec l’eau salée, ça me brûle terriblement. Sans parler de la puanteur, qui se dégage de la chair à moitié pourrie des bulots. Il faut croire que les poissons aiment ça !
Tous les jours je  compte les poissons que les marins rapportent  Il y en a beaucoup et j’espère que les cales seront bientôt pleines et que nous pourrons prendre le chemin du retour !
Ils ramènent des morues aussi grandes que moi. Etienne m'a rapporté un porte bonheur, c'est un pou de morue en tout cas j'espère qu'il me portera bonheur.
Le second est très méchant avec moi, il me dispute tout le temps et me bat à la moindre occasion. Le saleur m'a réconforté et m’a pris sous son aile. Lui aussi m’appelle « le petit », et il m’évite souvent des coups.
Il y a eu trois tempêtes pour l'instant dont une qui était trop grosse et qui a offert à l’équipage une marée de paradis .
Je prie tous les jours la Vierge pour qu’il ne nous arrive pas de malheur.
Les nuits sont étoilées, parfois je les regarde et je pense à vous,
Au revoir ma famille ou à jamais
Je vous aime très fort
Votre Jacquot qui vous embrasse de loin de très loin...

15 août 1900
                                   

   Mon grand garçon

Je te remercie beaucoup pour ta belle lettre.
J'espère que tu vas  mieux.  Ici, toute la famille va bien. On pense beaucoup à toi et tu nous manques de trop. Je sais que la vie est très dure mais sois courageux.
Il y a plein de choses qui se sont passées ici à Fécamp.
Ton frère s'est marié. Il habite, 4 Quai des pilotes maintenant. La grand-mère la plus gentille de la rue est partie bien haut, dans l’au-delà. On a fait une messe pour elle.
Ta petite soeur commence à marcher et à parler. Ta grande soeur Lucienne a trouvé du travail, elle travaille à la Bénédictine, elle prépare les plantes.
Je suis allée voir ta mamie, elle va bien, toujours vaillante ! J'ai invité grand-mère, grand-père et ta tante ; ton oncle n'a pas pu venir parce qu'il était en mer. On est allé à la chapelle Notre-Dame du Salut pour prier la Vierge et on a monté à genoux la Sente aux Matelots en priant pour vous
La voisine a trouvé du travail à l'usine comme filetière Ses mains lui font mal, toujours mouillées à couper les filets ! Toi aussi tu dois souffrir, des mains des pieds, du froid, de l’humidité !
Tous les jours, je  m'occupe du potager de Madame Aubert ça nous fait un peu d’argent. Il y a eu une terrible tempête et après un arc-en-ciel. J’ai pensé très fort à vous là-bas.
L'hiver a duré si longtemps, et il n’a pas arrêté de pleuvoir tout le mois de juillet !
Au fait, je t'annonce que la lumière du phare rouge ne fonctionne plus beaucoup, préviens ton capitaine.
L'autre jour, un grand trois-mâts est arrivé dans le bassin Bérigny, j'ai beaucoup pensé à toi encore une fois.
Je sais que la vie n'est pas très facile pour toi mais sois fort.
A ton retour, je te préparerai des beignets de calamars, je sais combien tu aimes ça ! Que la vierge te protège !
Tout le monde t'embrasse très fort.
Ta mère qui t’aime.

 

 

 

 26 mars 1900

Mes chers parents,

Notre trois-mâts n’a pas trop souffert des trois semaines pourtant difficiles du voyage.
Le capitaine nous avait dit qu'il y avait 4000km à faire en une dizaine de jours au moins. Au début j'avais peur car  c'était la première fois que je monte sur un aussi gros  bateau. Dès le deuxième jour j’ai commencé à avoir le mal de mer. Les marins se sont moqués de moi et m’ont menacé de me balancer aux poissons si je ne faisais pas mon travail.
A la fin des trois semaines, j'étais épuisé mais je n’avais presque plus le mal de mer. N’empêche ! J’ai tout le temps envie de rentrer a la maison.
Le travail est très dur à bord mais je tiens le coup. Tous les jours il faut tout nettoyer sinon  le capitaine  me botte  les  fesses.
Il y avait un marin qui me paraissait plus gentil que les autres. Nous avons fait connaissance. Il s'appelle Roland comme moi, et m’a offert un pou de morue. Il m'apprend à faire des noeuds comme le noeud de huit et le noeud de chaise. Quand quelqu’un l’appelle, je crois toujours que c’est pour moi, ça me fait bizarre mais en fait sur le bateau tout le monde m’appelle Crevette.
Je sers de l'alcool aux marins dans leur boujaron, quelle consommation ! Je prépare la cuisine et je sers les repas. Et depuis que nous sommes arrivés sur les bancs, je lave les morues.  Je travaille 15 à 16 heures par jour. Avec le froid et l’eau salée tout le temps.
Je suis tombé dans l'eau et j’ai failli me noyer dans les eaux glacées. J’ai eu très peur. Même si j’avais su nager avec mes bottes et mon vareuse je n’aurais pas pu m’en tirer … Heureusement Roland m’a lancé une bouée avec une corde et il m’a remonté. J’étais à moitié mort de froid, Il m’a fait boire un coup pour me réchauffer et j’ai changé de maillot.
Les gâteaux secs qu’on mange le matin sont tellement durs que même trempés dans le café, j’ai du mal à les croquer. Mon pantalon de toile est tout raide. Il faut dire que je le porte jour et nuit. Je suis tellement fatigué quand je me couche que parfois je n’ai même pas la force d’enlever mes bottes !
 Pendant trois jours, la tempête a empêché les marins de pêcher. Ils ont passé la journée à jouer aux cartes, à dormir et à boire et le soir une bagarre a éclaté. Le capitaine leur a balancé un seau d’eau glacée en pleine figure et les a envoyés cuver au fond de la cale.
Le capitaine Paul  est très sévère mais le saleur est bien gentil. J'ai bien aimé sur le voilier, quand nous avons chanté pour nous encourager les uns et les autres.
Quand la nuit tombe la lumière de la lune est très belle je regarde l'eau et je pense à vous. Le soir je me sens seul et souvent je pleure le nez dans ma paillasse puante.
Je fais ma prière à la vierge pour qu’elle me ramène auprès de vous.
Votre Roland qui vous aime et qui espère vous revoir.

Fécamp, 20 juillet 1900

Mon cher petit matelot

Il y a tellement longtemps que tu es parti. Tu dois être un homme maintenant, et même un peau rouge, à cause de la teinture de ta veste! J'espère que la saison de pêche a bien avancé et que vous allez rentrer bientôt !
Comment vas tu ? Moi ça va mais ton petit frère a été malade. J’ai bien cru qu’il allait passer ! Maintenant c’est fini. Dieu le protège !  Il travaille bien à l'école. Ta sœur a trouvé du travail à la Bénédictine, elle prépare les plantes mais elle m'aide encore beaucoup à la maison. Je ne sais pas comment je ferais sans elle !
Les enfants de monsieur Boujain a fêté son anniversaire, on a tous été invités. Tu te rends compte, 80 ans !
Ton grand-père, lui, ne va pas bien, il essaye de lutter mais je  ne crois pas que tu puisses le revoir…
Mme Millet nous a quitté, elle vient d'emménager Sente aux matelots. Elle memanquera c’était une bonne voisine, toujours prête à) donner un coup de main.
Ton cousin et ton frère sont allés aider le charcutier. Devine ce qu'ils lui ont demandé, une vessie de porc pour jouer au ballon ! Et bien sûr ils l'ont crevé et comme tu connais ton frère il a pleurniché durant des heures. Le charcutier très gentil lui en a donné une autre.
A Fécamp, il ne fait pas très beau et les haricots ne grossissent pas. Le blé pourrit sur pied. Il faudrait bien un peu de soleil
Chaque jour, je crois voir une voile arriver entre les deux phares mais ce ne sont que des illusions. Tous ces mois sont très durs sans toi. Quand tu rentreras, quelle fête ça sera !
Fais bien  ton travail et le capitaine ne te bottera pas les fesses.
Tout le monde ici t’embrasse
Ta mère


 

Fécamp 5 septembre 1900

Mon p'tit béso

Est-ce que ça va sur le bateau ?  As-tu toujours mal au ventre? Que manges-tu? As-tu moins mal au dos? Dors-tu mieux dans ta bannette ?
J'espère que tu as trouvé mon petit cadeau caché dans le sac de toile pour ton anniversaire.
J'espère aussi que les hommes ne sont pas trop durs avec toi.
Tu as sûrement vu des morues aussi hautes que toi, si tu trouves un pou de morue conserve le bien, il te portera bonheur.
Il paraît que Les Espagnols et les Portuguais, sont tous seuls sur leur doris. Je me demande comment ils font pour remonter les lignes !
Ton ami Jacquot va bien? Il doit t'apprendre plein de choses.
Ta soeur pense très fort à toi et sa fille Louise aussi .Elle nous demande toujours après toi. Une fois par semaine, Raymonde va rincer le linge sous la source de Grainvalle, ça me soulage bien ! Ton petit frère n'arrête pas de demander quand tu seras là.
La voisine Martine va très mal, elle est partie à l'hôpital. L'autre jour elle a fait deux malaises de suite.
Je t'embrasse très fort mon petit mousse courageux. Ne pleure pas, je t'aime et gros bisous.

Tes parents qui t'aiment très fort

Bonjour, c'est moi ta grande soeur qui t'écris. J'espère que tu vas bien et que ta vie de mousse te plait. Je travaille maintenant à la Bénédictine, ça se passe bien mais je gagne très peu d'argent. Albert t'embrasse très fort et moi aussi. Bisou, j'ai hâte que tu reviennes à Fécamp.

                                                             Ta soeur Lucienne


                                              

               

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