Un très beau rêve

Dans la France il y a la Picardie, dans la Picardie il y a la Somme, dans la Somme, il y a Amiens, dans Amiens, il y a le’ collège Edmond Lucas, au collège Edmond Lucas, il y a la classe de 6ème 2, dans la classe de 6ème 2, il y a moi.

Moi Rémy aux yeux bleus, moi Caroline aux mèches d’argent, moi Ludivine qui aime les chiens, moi Fatima qui préfère les chats, moi Steven au sourire de rêve, moi Ismaël l’éternel amoureux, et moi, la plus jeune, moi Marie, qui ait sauté deux classes et un continent.

Tous ces moi, c’était nous.

On coulait des jours heureux (tendresse, amour, cœur)

On écrivait d’es poèmes farfelus :

« Le temps était stupide

j’ai vu une statue

il faut que je speede

je suis têtu »

ou bien :

« Une dame

magnifique

utilisait un calame

magique »

Des lilas parfumés nous embaumaient le cœur. On se dépêchait d’oublier nos plus mauvais souvenirs :les bagarres entre frères et sœurs, la mort d’un chien aimé, et celle d’un grand-père.

On rêvait d’un monde où tout serait gratuit, où les robots feraient tout et où on aurait des stylos téléphones.

Parfois on faisait un cauchemar….. On se retrouvait à la rue, un caïman se baladait dans les égouts d’Amiens, la guerre éclatait…

Un matin on fit ensemble un même rêve ;

Tout était transformé ; mes arbres, les voitures, les champs, les toits, les rues étaient couverts d’une mousse blanche et glacée qui scintillait au soleil, c’était magique.

Notre vieux lycée ainsi fardé était aussi beau qu’un palais.

Et ce jour-là, il n’y eut pas classe. On a eu écrivain toute la journée !

Moi, la plupart des écrivains me font rêver, a dit Marie.

Alors nous sommes partis avec lui, avec elle, notre écrivain était une femme, voir Domino, Gazelle, Gitan, Topaze ; Faline et les autres, tous les autres chevaux aux naseaux doux et humides, au centre équestre de l’hippodrome.

Les chevaux portaient un manteau et les gouttières pleuraient. Si vous ne me croyez pas, tant pis. Tant pis pour vous !

Et puis on est allé au lac de la Hotoie.

Quatre cygnes ont traversé le ciel au dessus des arbres. Avec leurs grandes ailes et leur long cou. C’était vraiment un très beau rêve.

Sur le lac, il y avait d’autres cygnes, des canards et des mouettes.

Il faut voir un cygne se poser : train d’atterrissage baissé, ses grandes pattes plates projetées en avant, un battement d’ailes pour assurer la stabilité et l’oiseau retrouve sa majesté, le grand avion s’est fait bateau sur l’eau.

« Autrefois, mes parents entendaient rugir les lions de leur balcon », a dit une voix.

Sur l’autre rive du rêve, il y a le zoo….

« Un zèbre est né cette année », a dit une seconde voix.

Et tout le monde est parti en courant, en courant sus à l’araignée. Mais elle avait les pattes tellement glacées que les filles sont revenues en se tapant les mains…

On est rentré par un chemin de boue et de lumière.

Les rêves sont plus précieux que le cristal et l’argent.

Notre rêve s’est obscurci…… un peu de poudre aux yeux.

« La plupart des écrivains me font rêver, avait écrit Marie avant de s’envoler vers le Bénin.

Marie-Florence Ehret 1er février 2003

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