D’Amsterdam à Groningue, février 2008


Quelques instants épinglés par l’écriture

7 février 2008
Invitée par la Maison Descartes à faire un atelier d’écriture sur les haikus, je prends le train gare du nord. Direction Amsterdam.
Je lève parfois le nez de mon livre pour jeter un coup d’œil par la fenêtre


Dans le jardin
Une cigogne
De plâtre

Le ciel est bleu depuis Paris. Il le reste résolument.

Des moutons teintés de bleu tondent à petits coups de langue l’herbe verte
Des bateaux au milieu des champs entrecoupés d’étroits canaux.
La terre est plate, comme promis. Plus plate encore.  Elle fait reculer l’horizon….

J’arrive en début d’après midi. Hugues, responsable des cours,  m’attend à la gare.
L’atelier ne commencera que demain matin. Je me promène dans les rues entrecoupées de ponts et de canaux.



Le lendemain, le travail commence avec un premier groupe. J’ai préparé une note sur les haikus qui nous servira d’accès de départ. Bien sûr j’écris ma partition !

Haikus du samedi matin :

Terrain vague dénudé
Derrière la palissade il vient frôler ma main
Le chat perdu

Sur la cheminée
L’oiseau gonfle ses plumes
Soleil d’hiver

Dans la gare inconnue
Un homme en pardessus noir
Brandit mon nom. Ouf !

Qu’ils sont loin
De la boite en carton
Les orangers !

Après le déjeuner, je lis un Monde daté du mois d’août dans le jardin ensoleillé et bien taillé.

Dans le bleu parfait du ciel
Passent les cris
D’invisibles mouettes

L’après midi un autre groupe suit le café littéraire :

Marché aux fleurs, sabots oignons moulins
Tulipes de bois
Je regarde tout sans rien acheter !

Du pont bossu je regarde
Passer un bateau sur le canal
Je suis à Amsterdam !

Sur les quais les marchands
Remballent aux six coups
de l’horloge sans se presser

Dans le silence de l’écriture
Le hou hou de mon téléphone
ou la sirène d’un bateau ?

Le lendemain matin, je pars vers le musée Van gogh et le ReijksMuseum 

Un pigeon, deux pies, une mouette, un canard.
Des bateaux garés à l’arrière des maisons
Le soleil qui se reflète dans l’eau du canal
Un vélo sur le pont
Amsterdam dimanche matin

Arrivée à Groningue dimanche soir.
Balade dans la ville le lendemain matin avant l’atelier

Le soleil ne touche encore que les toits des maisons.
Rencontré mon chat du matin derrière la tour Martini: bavette blanche autour du cou et jambières assorties, mâtiné gouttière, tête ronde de matou.
Maisons de pierre sculptée et de briques brunies par des siècles d’hiver et d’été
Sous les arbres poussent des fleurettes jaunes, blanches ou violettes, perce-neige et crocus.
En montant le soleil auréole de brume la tour qui s’élève par paliers jusqu’à la couronne impériale.


Le ciel est beaucoup plus haut.

Atelier du matin
Après une introduction rapide à propos du passage de la poésie réglée aux vers libres, évocation du surréalisme et de l’OULIPO, nous faisons quelques jeux façon cadavre exquis (questions réponses) puis nous rédigeons un texte à la manière de Wysran Hugh Auden dont j’ai apporté un poème. Voici le résultat de l’exercice.

Ô, dis-moi la vérité sur l’université
D’aucuns disent que c’est la porte du chômage
            D’autres disent que c’est le nid du savoir
D’aucuns disent que c’est un fleuve
            D’autres disent que c’est un désert
Ressemble-t-elle à l’eau d’une rivière qui coule de source
Ou à la soupe trop longtemps mijoté dans une vieille marmite de cuivre
Y respire-t-on le parfum de la jeunesse et de l’espoir
Ou celui de la sueur
Est-elle accueillante comme une chambre d’ami
Ou poussiéreuse comme un grenier ?
Est-ce un paysan qui sème des graines
Ou un fossoyeur qui enterre la jeunesse ?
Ô dis-moi la vérité sur l’université !

L’après midi avec un autre groupe nous rédigeons une histoire dans laquelle il faut intégrer une phrase parmi les sept proposées par chaque participant ( chaque phrase proposée énoncée à la 3ème personne évoque quelque trait particulier, goût, habitude, désir de celui qui les a écrites). Le récit est un peu long, je ne le met pas !  

Retour à Amsterdam
Le soleil brille toujours mardi matin !
Inoubliables un auto portrait de Rembrandt jeune



D’où vient la lumière
Qui touche le visage
Enfantin du peintre

Et un Vermeer bleu :



Rêveuse elle s’oublie
Dans la lettre qu’elle seule lit
La femme en bleu

Je passe et repasse sur le dos arrondi des ponts, je me perds, me retrouve… Il faut rentrer maintenant.

Crépuscule
Un  maigre quart de lune  brille dans le ciel vert
Au dessus de la façade fastueuse de la gare!

Remerciements à Patrick Lamentini, Hugues Denisot, Juliette Pollet et à la Maison Descartes qui m’ont accueillie.
Des repas partagés, de  nos échanges, si chaleureux, je n’ai rien dit. Ils n’appartiennent qu’à nous. Mais j’en garde un souvenir reconnaissant !
Merci aussi à Anna Hancok !

 


 
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